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Campings : bel été en prévision, mais un avenir flou


Par rapport à 2024, il devrait y avoir 5 % de réservations de plus dans les campings cet été, selon les estimations. (Photo : hervé montaigu)

Les réservations sont prévues à la hausse dans les campings cet été, mais cette bonne santé ne masque pas les difficultés, entre manque de place et réduction inquiétante du nombre de terrains.

Du beau temps se profile pour les campings luxembourgeois. Lors de l’ouverture de la campagne de promotion «Lëtzebuerg, dat ass Vakanz!», le vendredi 25 avril dernier, Éric Thill, ministre délégué au Tourisme, avait annoncé des prévisions au-delà des chiffres de la saison estivale précédente. Un mois plus tard, le 27 mai, le Statec confirmait les dires du ministre, dévoilant une hausse des arrivées dans les établissements d’hébergement de 7,3 % sur un an, au 1er trimestre 2025. Sur cette même période, le nombre de nuitées a lui aussi augmenté de presque 10 %, indiquant une légère progression de la durée moyenne de séjour .

Les campings représentant 37 % des nuitées recensées en 2024, ils constatent inévitablement cet élan touristique depuis le début de l’année et cela avant le pic de fréquentation des vacances d’été. «Je le confirme» sourit Linda Gedink, secrétaire générale de l’ASBL Camprilux, qui représente les campings du Grand-Duché. Cette dernière n’est pas surprise pour autant d’une telle tendance : «Ces dernières années, le camping a connu un essor assez important, notamment parce que beaucoup de caravanes et de camping-cars ont été vendus. Quand on a quelque chose dans son jardin, on va vouloir l’utiliser, c’est ce qui augmente en partie les chiffres.»

La flexibilité et la nature

L’an passé, le secteur a été marqué par des statistiques en hausse sur un an, avec 328 634 arrivées (+14,4 %) et 1,34 million de nuitées (+3,7 %) et promet donc de poursuivre dans cette voie, au vu du 1er trimestre. Malgré l’importance prise par les camping-cars ou caravanes, les campeurs plus traditionnels ne sont cependant pas étrangers à ces bons résultats, selon Linda Gedink.

Dans les allées des 69 campings que compte le Grand-Duché, «il y a un peu de tout et il y en a toujours qui viennent en tente». «La tente, c’est plutôt quand la saison est un peu plus agréable parce que jusqu’au mois d’avril, les nuits sont encore fraîches» admet la porte-parole qui reconnaît tout de même qu’ils sont de moins en moins à dormir sous une toile. «Et sinon, il y a les locations de mobile homes ainsi que le «glamping» (NDLR : «camping glamour», en roulotte, yourte, etc.), qui est aussi un marché qui fonctionne très bien.»

Outre son offre diversifiée de types d’hébergements, le camping a la cote «puisque les gens aiment bien être dans la nature et décider eux-mêmes de leur journée» estime Linda Gedink, en prenant le contre-exemple des hôtels. «Et puis c’est aussi idéal pour les enfants, car ils ont l’occasion de rencontrer d’autres enfants, de se faire des amis et d’avoir des expériences agréables.»

La proximité avec la nature, qui était le grand thème de la campagne «Lëtzebuerg, dat ass Vakanz!», permet également aux touristes d’être au plus près des centres d’intérêt les plus prisés du Grand-Duché. «Il y en a beaucoup qui vienne pour la randonnée, cela apporte beaucoup de monde et le vélo aussi, même si cela dépend si le camping est situé près d’une piste cyclable ou non.»  Avec un prix moyen de 28 euros par nuit, l’accessibilité du camping luxembourgeois a également sa carte à jouer dans le contexte économique actuel.

«Il n’y a pas de nouveaux campings»

Portés par de nombreux avantages, «je dirais qu’entre le 10 juillet et le 20 août, la plupart des campings sont complets.» Pourtant, un nuage noir se dessine à l’horizon : la baisse du nombre d’exploitations. «Le problème, c’est qu’il n’y a pas de nouveaux campings. Le dernier, c’était en 1984 et chaque année, il y en a un ou deux qui disparaissent» déplore la secrétaire générale.

Comme un paradoxe, tant les nuitées que la fréquentation sont en hausse ces derniers mois. Lors de sa dernière assemblée générale, l’ASBL alertait justement sur le fait que ce ne sont pas les clients qui représentent un défi pour l’avenir des entreprises de camping, mais la situation économique de ces dernières.

L’évolution des prix de l’énergie, de l’eau, de l’élimination des déchets, les rénovations nécessaires liées au climat et les exigences administratives sont autant d’obstacles à la reprise d’un camping, selon Camprilux. Et c’est sans compter avec la question du foncier, qui fait que «parfois c’est très rentable de vendre le terrain pour le transformer en lotissement».

Les campings qui subsistent se frottent, eux, à un problème de place : «Nous n’avons pas la possibilité d’avoir plus d’emplacements parce que nous sommes limités par des plans d’aménagement assez stricts.» Afin d’augmenter la capacité d’accueil de 38 177 campeurs selon les derniers chiffres du Statec, les représentants de la profession ont adressé des courriers à divers ministères pour «la création d’une zone récréative verte», afin de développer l’activité en milieu naturel. À ce jour, «nous n’avons pas encore de réponse» fait savoir Linda Gedink.

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