Auteure d’une pétition réclamant des sanctions envers Israël, Dalia Khader a présenté jeudi ses arguments et ses soutiens en vue de son débat à la Chambre des députés le 2 juin prochain.
Faut-il adopter des sanctions contre Israël ? Si oui, comment ? Voilà les deux questions, en substance, qui vont être discutées dans moins d’une semaine, mercredi 2 juillet prochain, à la Chambre des députés à la suite de la pétition publique n° 3231 qui réclament de la part du Grand-Duché des actes afin de condamner l’irrespect du droit international de l’État hébreu en Palestine.
Pour Dalia Khader, auteure de la pétition, l’enjeu sera convaincre les députés et Xavier Bettel, ministre des Affaires étrangères, afin de lutter contre «le silence et l’inaction de l’Union Européenne, y compris le Luxembourg». Jeudi, cette luxo-palestinienne a étayé devant la presse son propos et ses arguments prévus pour la commission. Pour cette figure bien connue de la société civile, ce ne sera pas une première puisqu’il y a un, jour pour jour, elle était déjà au Parlement dans le cadre d’une première pétition réclamant la reconnaissance d’un État Palestinien, «une reconnaissance qui, jusqu’à présent, n’a pas eu lieu». Pas de quoi l’empêcher de remettre les couverts un an plus tard, car «je ne peux pas rester silencieuse en tant que palestinienne, en tant que luxembourgeoise».
«Il faut que les gens s’y intéressent»
Le 2 juillet, Dalia Khader pourra compter sur son expérience mais aussi sur ses soutiens dont un de renom : Vicky Krieps. Présente en visioconférence lors du point presse, l’actrice a rappelé le sort de son grand-père Adolphe déporté durant la seconde guerre mondiale afin d’insister sur «le rôle du Luxembourg d’être du bon côté». Touchée par la cause palestinienne, «que je suis depuis longtemps», elle confie avoir été contactée afin de porter la voix de cette pétition grâce à sa force de sensibilisation auprès des Luxembourgeois. «Je ne suis peut-être pas une spécialiste afin d’en parler mais je me suis dit que cela pourrait aider que quelqu’un en parle aux gens» explique-t-elle. «Il faut que les gens s’y intéressent et qu’ils sentent que l’on s’adresse à eux.»
Aux côtés de Dalia Khader jeudi se trouvait également Martine Kleinberg, présidente de l’association Jewish Call For Peace qui a récolté depuis le début du mois près de 700 signatures de citoyens et de personnalités, dont Vicky Krieps, dans le cadre d’un appel au gouvernement afin d’agir pour la paix. «De notre héritage juif, nous retenons les valeurs universelles de dignité, de responsabilité et de l’engagement contre les injustices. En hébreu, c’est que nous appelons le “Tikkun Olam“, la réparation du monde» dit-elle pour appuyer son engagement auprès de l’équipe de pétionnaires.
Amnesty International Luxembourg, dont le directeur général David Pereira était présent, fait aussi partie du mouvement. Bien que l’ONG précise que sa position «ne va pas aussi loin que celle des pétionnaires», elle se mobilise afin de suspendre l’accord d’association entre l’Union Européenne et Israël en vertu de «l’apartheid» et du «génocide» commis par l’État hébreu.
Sanctions économiques et diplomatiques
Tandis que Xavier Bettel n’a cessé d’assurer que le Luxembourg suivrait d’autres pays dans la reconnaissance d’un État palestinien par soucis d’efficacité, Dalia Khader n’est pas de cet avis. «Nous attendons du Luxembourg qu’il soit en première ligne, non pas qu’il soit un suiveur» déplore-t-elle. Afin d’obtenir un changement de cap de la part du gouvernement, que ce soit pour la reconnaissance ou les sanctions, le discours de la Palestinienne à la Chambre va s’accompagner d’un piquet de protestation le jour même, à 8h, ainsi que d’un rapport.
Ce dernier, intitulé «Du silence aux sanctions», sera présenté lors de la commission afin d’exposer un panel de suggestions de sanctions. Les pétionnaires ciblent par exemple la présence de NSO, une société israélienne présente via des holdings au Kirchberg et qui commercialise un logiciel espion dont l’usage contre des journalistes, politiques, activistes, avocats est, entre autres, reconnu par Amnesty International. «Elle n’apporte pas grand-chose à l’économie du pays et c’est une très mauvaise publicité.»
Globalement, la pression économique est un levier central pour les militants, que ce soit envers «les investissements au Grand-Duché des entreprises qui profitent de la colonisation israélienne» ou «l’accord d’association avec l’Europe». Des sanctions individuelles à l’encontre de membres du gouvernement de Netanyahu sont également mentionnées dans le rapport, «comme c’était le cas envers le régime de Bachar el-Assad ou de Kadhafi».