«Capturer l’âme» de Venise et célébrer les films de Marco Bellocchio : le 48e festival du Film italien de Villerupt a révélé ses premiers éléments de programmation.
Voguant sur des gondoles, des cardinaux kidnappeurs, un mafieux menotté et une dame aveugle : ce n’est pas le début d’une blague, mais autant d’indices disséminés sur l’affiche du prochain festival du Film italien de Villerupt, révélée jeudi par les organisateurs, pour évoquer le thème de cette 48e édition et l’hommage qui sera rendu à un cinéaste. Réalisée par l’artiste pluridisciplinaire française Sentenza, l’affiche évoque ainsi d’abord Venise, «ville essentielle» du cinéma italien, rappelle Oreste Sacchelli, délégué artistique de la manifestation – avec sa célèbre Mostra, mais aussi l’endroit où fut réalisé le premier travelling, en 1896, lorsque l’opérateur Alexandre Promio plaça sa caméra sur une gondole le long du Grand Canal.
Après s’être penché ces récentes années sur certaines tendances du cinéma italien actuel, dont l’importance de la figure du travailleur ou l’émergence d’une génération de femmes cinéastes, le festival «avait envie de replonger dans quelque chose de plus intemporel», poursuit Oreste Sacchelli – même si la «Sérénissime» revient tristement dans le viseur de l’actualité ces jours-ci, avec le mariage de Jeff Bezos. À travers une «douzaine» de films, Villerupt cherchera à «capturer l’âme» de Venise : le grand classique Senso (Luchino Visconti, 1954), le petit bijou de comédie romantique Pane e tulipani (Silvio Soldini, 2000) ou encore Infanzia, vocazione e prime esperienze di Giacomo Casanova, Veneziano (Luigi Comencini, 1968), sur l’adolescence du célèbre aventurier, «personnage vénitien par excellence». Et montrera aussi la face cachée d’une ville comme «scène offerte au tourisme» avec les films du Vénitien Andrea Segre (Io sono Li, 2011; Welcome Venice, 2021).
Dix-neuf jours
Les cardinaux de Rapito (2023), le repenti Tommaso Buscetta, dans l’interprétation monstre de Pierfrancesco Favino (Il traditore, 2019) et la mère de I pugni in tasca (1965) : les personnages sont ceux de l’immense Marco Bellocchio, un temps surnommé «l’enragé de Piacenza» pour ses œuvres à fleur de peau. Le chargé de programmation, Bernard Reiss, note «quatre cibles» dans le viseur du cinéaste depuis le début de sa carrière : «la famille, la politique, la religion et l’armée». Habitué au grand écart entre fresques historiques (Buongiorno, notte, 2003; Vincere, 2010) et récits plus intimes (Sorelle mai, 2010; Sangue del mio sangue, 2015), Bellocchio sera célébré à travers l’«évolution» de sa trajectoire de cinéaste, l’une des plus importantes du cinéma italien.
Le 48e festival du Film italien de Villerupt se déroulera sur 19 jours, du 24 octobre au 11 novembre prochains. La sélection complète, qui devrait compter «environ 65 films», sera dévoilée à l’automne, mais l’on peut déjà espérer y voir les trois films italiens présentés à Cannes cette année – Fuori, de Mario Martone, le western Testa o croce?, d’Alessio Rigo De Righi et Matteo Zoppis, et Le città di pianura, de Francesco Sossai. En attendant Venise…