Les syndicats reprochent au gouvernement d’avoir mis en péril le dialogue social. Le camp patronal accuse à son tour les organisations syndicales de boycotter les pourparlers visant à débloquer les dossiers brûlants. Qui est donc fautif? On est tenté de répondre que les trois parties ont commis des erreurs.
Le gouvernement CSV-DP a manqué de respect aux représentants des salariés et fonctionnaires. Une consultation a bien eu lieu sur des projets de réforme d’envergure (pensions, conventions collectives, droit du travail), mais il s’est rapidement avéré que l’intention n’était pas de mener de véritables négociations.
Le camp patronal n’a, lui, pas ressenti le besoin d’engager des discussions, car les réformes promues par l’exécutif correspondent à ses revendications de longue date. Estimant être attaqués de toutes parts, l’OGBL et le LCGB ont signé une alliance «inédite», qui s’est concrétisée par la mise en place d’une véritable Union des syndicats.
Ce 28 juin va décider du futur rapport de force entre les partenaires sociaux. En 2009, les syndicats avaient réussi à mobiliser 30 000 personnes pour manifester contre le paquet d’austérité du gouvernement de l’époque.
Des réunions tripartites et bipartites avaient eu lieu dans la foulée, avec à la clé des concessions faites, à l’automne 2010, tant au patronat qu’aux syndicats. Dans l’intérêt de la paix sociale, chacun serait bien avisé de s’engager sur un chemin semblable après la grande manifestation nationale de ce samedi.
Le front syndical se dit prêt à trouver des compromis, à condition de reconstruire une relation de confiance avec le gouvernement. Les attaques frontales, menées encore ces derniers jours par le camp patronal, doivent faire place à des concertations constructives.
Il est faux d’affirmer que les syndicats ont, depuis des décennies, eu raison sur tout. Il serait contre-productif pour l’OGBL, le LCGB et la CGFP de donner l’impression de refuser le changement.
Car le système des pensions nécessite bien des correctifs. L’économie est en souffrance, mettant en danger le financement de l’État social. Pour reprendre l’expression traditionnelle : chacun devra mettre de l’eau dans son vin pour éviter que le Luxembourg perde, encore davantage, en prospérité.